Les genoux de celui qui avait autrefois était Koïné, infant de Cappadocius heurtèrent le sol d'onyx de la plate-forme, alors qu'il comprenait que son destin été à présent scellé.
Frappant le sol de ses poings osseux, consumé à part égal par une rage impuissante et le désespoir, ses yeux devenus blancs et morts étaient à présent perdus dans l'abîme de l’éternité. Les longs fils d'un blanc argenté parcourant l'espace infini de cette endroit demeureraient à tout jamais indistinct à son regard.
Les siècles d'enfermement dans les profondeurs de Kaymakli avait fait naître la rancœur et la haine dans son cœur autrefois noble, et la faux avait achevée de ronger son âme... Néréas le faucheur, était alors né, émergeant de la cité maudite... et aujourd'hui, il était mort à son tour...
Il ne restait plus qu'un être pathétique, brisé et perdu. Manipulé par son père, perverti à dessin il n'avait été qu'un outil qu'on avait forgé, utilisé... puis jeté... La conscience soudaine de l'absurdité de sa non vie lui transperçait l'âme
Baissant la tête, vaincu, c'est d'abord une larme rouge qui coula de ses yeux opaques... puis une autre, et encore une autre. Secoué de sanglots, prostré il bredouilla un mot inaudible, mais que nul n'eut de mal à comprendre malgré cela: « Pourquoi... ? »
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S'approchant de son allié trahis, Augustus Giovanni arrache de sa robe une broche d'or représentant un ankh sur lequel rampent deux serpents, et dont le centre est frappé d'un chiffre : I.
Se détournant sans un mot ni un regard, il s'avance et vous jette la broche :
« C'est l'Askalite, le symbole de l'appartenance à l'Askalör. Il n'existe pas d'autre moyen pour s'assurer que l'un de ses membres ne puissent jamais revenir de l'au delà que de détruire son Akalite »
Ces mots font écho en vous à l'histoire de Karesh vous comptant autrefois la façon dont il avait été vaincu dans les enfers par Albriel, l'ancêtre de Sabriel devenu à présent XII. « Il m'a vaincu, mais ignorait que sans détruire ma broche, je reviendrai une nuit en ce monde », avait il dit.
Un raclement sinistre retentit soudain dans le silence de ce lieu, vous remplissant d’effroi. La main d'Augustus Giovanni se referme sur la poignée de bois d'ébène de l'arme maudite.
« Il demeure une dernière chose qui doit être accomplie. Ce pourquoi tout ceci a eu lieu. Ce pourquoi Cappadocius est mort. Ce pourquoi le clan Cappadocien a été détruit. Ce pourquoi Koïné a été enfermé dans les ténèbres de Kaymakli Il tourne son visage marqué vers vous. Et... ce pourquoi j'ai été étreint..."
Soudain, ses yeux deviennent pâles... prenant une couleur d'un blanc de nacre et animés d'une lueur mystique telle que vous n'en avez vue que chez un seul homme. Les yeux de Cappadocius, capable de distinguer les fils du destin de chaque être sur lequel il porte le regard, ont remplacés ceux du nécromancien. Tournant le regard vers l'infini qui vous entoure, Augustus reprend la parole.
« Il y a de cela des milliers d'années, les vampire et les hommes ont étés soumis par le pouvoir d'un Caïnite. Trompant les antédiluvien et le grand Enoch assemblés, il utilisa contre eux un pouvoir volé à deux membres de la seconde génération. Avec ce pouvoir il pénétra leur esprit, les soumettant à son contrôle, avant d’effacer en eux toute trace de cette nuit fatidique qui marqua l’avènement de Râ sur le monde »
Le regard scrutant les fils du destin, il marque une pause avant de poursuivre.
« Si il avait volé assez de force pour détruire n'importe quel autre caïnite, la magie de Râ ne pouvait pas tromper un membre de la puissante seconde génération. Enoch n'avait rien oublié des événements de cette nuit.
Connaissant parfaitement les pouvoirs de chaque caïnite de la troisième génération, Enoch approcha Cappadocius, Usant d'un rituel d'une grande puissance, il restitua les souvenirs de l'antédiluvien et lui assura que bientôt, le règne de Râ prendrait fin, mais que son esprit ne serait pas pour autant détruit. C'est alors qu'Enoch lui confia une mission... Celle de s'assurer que jamais l'esprit de Râ ne puisse revenir en ce monde »
S’arrêtant soudain, Augustus tend sa main vers le vide, saisissant un fil verdâtre, parcouru de veines noires et caché entre tout les autres.
« Je t'ai trouvé »
Tirant avec toute sa force dessus, il ramène le fil qui semble résister violemment, se tortillant en tout sens.
« Lorsque la mémoire de cette nuit fut rendu à Cappadocius, il se souvint de ce qu'il avait vue... de ce que SES YEUX avaient vue... et dés lors il n'eut de cesse que de consacrer sa non-vie à l'accomplissement de sa mission.»
Augustus tourne son regard vers vous
« Oui... vous comprenez ce que je tiens dans la main. Et vous comprenez désormais aussi que tout ce qui c'est passé ne c'est produit que pour en arriver exactement à ce moment. Telle était ma mission : Permettre aux souvenirs et au regard du fondateur de pénétrer dans ce lieu interdit à son corps, trouver le fil... posséder la faux de la mort... et... »
D'un geste vif, il abat la lame de l'arme maudite sur le fil. Un cris strident retentit alors que les deux extrémités du fil tranché vomissent un liquide noirâtre semblable à du sens, se tordants fanatiquement avant de disparaître dans le néant...
Il lâche la faux, et son visage semble soudain apaisé. Vous tournant le dos, le regard vers le ciel noir il murmure « Père... c'est fait. »
Comprenant ce qui vient de ce passer, et connaissant les lois du monde du néant et de la mort, vous êtes soudain envahi d'une effroyable pensée. Le nécromancien ne vous aurait il conduit à venir ici que pour s’acquitter de cette dette ?
Et maintenant ? Lui demandez-vous. Quand est-il du prix à payer ?
« Nous savons tous ce qu'il en est... mes amis... une vie pour une vie, telle est l’immuable règle. Bien sur, dans le cas d'une vie aussi puissante, il est nécessaire d'en payer plusieurs moindres... »
Se retournant vers vous, vous voyez le sourire triomphant que vous lui connaissez s’afficher sur ses lèvres pâles. Ses lèvres qui paraissent soudain.. se dessécher.
« ...ou une seule équivalente... »
Le corps d'Augustus semble lentement se désagréger, libérant doucement des cendres qui sont emportées progressivement par le souffle du vent.
« Ma tâche est accomplie. Il vous appartient de poursuivre la votre pour protéger ce monde. J'ai néanmoins une faveur à vous demander...
Lorsque vous le pourrez, rendez-vous au Mausolée de Venise, dans mes appartements. Là-bas, vous chercherez ma marque, et vous ferez ce qu'il convient de ce que vous trouverait..."
Son visage se craquelle
« Le monde ne doit jamais savoir ce qui c'est passé ici, et qui j'étais vraiment. Dites leur ce qu'ils veulent entendre. Dites leur qu' Augustus Giovanni était un fou cruel et assoiffé de pouvoir, et que vous l'avez vaincu »
« Ne regrettez rien mes amis... cela était écrit, et simplement....
Alors que les derniers vestiges de son visage se changent en cendre et sont emportés par le vent, il esquisse un sourire dont vous ne doutez plus de la bienveillance.
« …nécessaire.»